Bonne année 2022 à tous les francophones !
En espérant que la situation s’améliore cette année et que nous puissions toutes et tous enfin nous retrouver en présentiel pour partager les activités que nous aimons.
En attendant cette évolution que nous espérons la plus proche possible, le prochain atelier lecture sera virtuel et nous utiliserons notre salon permanent de l’application Discord. Prévenez-nous de votre présence en remplissant le formulaire en bas de la page.
le vendredi 14 janvier 2022 à partir de 10h00 (Helsinki)
Bettý – Arnaldur Indridason
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister… Ensuite, que s’est-il passé ? Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J’aurais dû voir les signaux de danger. J’aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J’aurais dû… J’aurais dû… J’aurais dû…
Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse. La police ne cherche pas d’autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.
Un roman noir écrit avant la série qui fit connaître le commissaire Erlendur.
Le meunier hurlant – Arto Paasilinna
Ulvova mylläri – 1981, 8ème roman des 35 écrits par l’auteur, traduit par Anne Colin du Terrail sous le titre Le Meunier hurlant en 1991, 288 pages.
Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont dès lors qu’une idée, l’envoyer à l’asile.
Mais Huttunen, soutenu par la conseillère rurale Sanelma Käyrämö, est bien décidé à se battre pour défendre sa liberté.
Consignes pour se connecter
Si vous êtes déjà membre du salon Discord de l’atelier lecture des francophones d’Helsinki, vous n’aurez vendredi 14 janvier qu’à vous connecter sur le serveur virtuel des francophones et aller sur le salon Atelier lecture à partir de 10h00.
Pour ceux qui n’ont pas encore fait la démarche, vous devez au préalable vous inscrire sur Discord et créer votre profil. Notez votre pseudo complet avec son tag à quatre chiffres (pseudo#1234). Copiez-le dans le formulaire d’inscription ci-dessous et indiquez-nous votre adresse email.
Ensuite vous aurez le choix de télécharger Discord ou bien de vous y connecter directement via votre navigateur. Quelle que soit la solution choisie, vous devrez autoriser l’application à accéder aux fichiers audio et vidéo de votre appareil.
Nous ferons parvenir par email aux nouveaux inscrits la démarche à suivre.
À vendredi !
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Voici le passage de « Petits suicides entre amis » chapitre 20
Dans la lumière rougeoyante du soleil de minuit, la conversation glissa sur la mère patrie que l’on avait quittée. On ne la regrettait guère, elle avait malmené ses enfants.
L’on constata qu’il ne faisait pas bon vivre en Finlande, la société était dure comme le granit. Les gens étaient cruels et jaloux les uns des autres. Le goût du lucre était général, tous couraient après l’argent avec l’énergie du désespoir. Les Finlandais étaient sinistres et malveillants. S’ils riaient, c’était pour se réjouir du malheur d’autrui. Le pays grouillait de traîtres, de tricheurs, de menteurs. Les riches opprimaient les pauvres, leur faisaient payer des loyers exorbitants et leur extorquaient des intérêts prohibitifs. Les déshérités, de leur côté, se conduisaient en vandales braillards et n’élevaient pas mieux leurs enfants : ils étaient la plaie du pays, à couvrir de graffitis les maisons, les objets, les trains et les voitures. Ils cassaient les carreaux, vomissaient et faisaient leurs besoins dans les ascenseurs.
Les fonctionnaires tout-puissants passaient leur temps à imaginer de nouveaux formulaires pour humilier les gens et les faire courir d’un guichet à un autre. Commerçants et grossistes se liguaient pour racler jusqu’au dernier sou les fonds de poche des malheureux. Les promoteurs immobiliers construisaient les logements les plus chers de la planète. Si on tombait malade, des médecins revêches vous traitaient comme du bétail bon pour l’abattoir. Et si, las de supporter tout cela, on sombrait dans la dépression, des infirmiers psychiatriques brutaux vous passaient la camisole de force et vous injectaient de quoi obscurcir vos dernières pensées un tant soit peu sereines.
Dans cette chère patrie, les industriels et les sylviculteurs détruisaient sans remords l’or vert, et ce qui en restait était dévoré sur pied par les xylophages. Le ciel déversait des pluies acides qui empoisonnaient et stérilisaient le sol. Les agriculteurs répandaient sur leurs champs de telles couches d’engrais que les rivières, les lacs et le littoral pullulaient d’algues toxiques. Conduites et cheminées d’usines rejetaient des polluants dans les airs et les eaux. Les poissons mouraient et
les oisillons sortaient pitoyablement de l’œuf avant terme.
Les routes étaient sillonnées par des fous du volant stupidement fiers de leur conduite sportive, qui remplissaient de leurs victimes les cimetières et les unités de soins intensifs des hôpitaux.
Dans l’industrie et les bureaux, ouvriers et employés étaient forcés de travailler comme des machines et mis au rebut s’ils se fatiguaient. Les chefs exigeaient un rendement permanent, humiliaient et rabaissaient leurs subordonnés. Les femmes étaient harcelées, il se trouvait toujours un malappris pour pincer leurs fesses déjà bien assez assaillies par la cellulite. Les hommes étaient soumis à une constante obligation de réussite, à laquelle ils n’échappaient pas même pour quelques jours de vacances. Les collègues se surveillaient hargneusement les uns et les autres et accablaient les plus faibles, les conduisant au bord de la dépression nerveuse et au-delà.
Si on buvait, le foie et le pancréas se détraquaient. Si on mangeait trop bien, le taux de cholestérol grimpait. Si on fumait, un cancer mortel s’incrustait dans les poumons. Quoi qu’il arrive, chacun s’arrangeait pour culpabiliser son voisin. Certains faisaient du jogging à outrance et s’écroulaient morts d’épuisement sur la cendrée. Ceux qui ne couraient pas devenaient obèses, souffraient des articulations et du dos et mouraient pareillement, au bout du compte, d’un arrêt cardiaque.
À bavarder ainsi, les suicidaires commençaient à se dire qu’ils se trouvaient finalement en bien meilleure posture que leurs compatriotes contraints de continuer à vivre dans leur sinistre patrie. Cette constatation les emplit de joie, pour la première fois depuis longtemps.
Mais tout groupe a son empêcheur de danser en rond.