Mercredi 16 octobre 2024 – 16h00 → 17h30 heure de Paris :
Au programme de cet atelier, deux romans :
La Maison – Emma Becker
« J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Je ne peux relire mes livres sans m’apercevoir que je n’ai jamais écrit que sur les femmes. Sur le fait d’en être une, et sur les milliers de formes que cela prend. […] Écrire sur les putes, qui sont une telle caricature de femmes, la nudité schématique de cet état, être une femme et rien que ça, être payée pour ça, c’est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j’en éprouve la même fascination qu’un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie se multiplier entre deux lamelles de verre. »
Prix du roman des étudiants
France Culture – Télérama 2019
Prix Blù-Jean-Marc Roberts 2019
Prix du Roman News 2019
Emma Becker est née en 1988 dans les Hauts-de-Seine et vit à Berlin où, durant deux ans, elle a travaillé dans une maison close. Elle est écrivain. Aux Éditions Denoël, elle a publié Mr. (2011 ; J’ai lu, 2020) et Alice, à paraître chez J’ai lu.
« Emma Becker évite tous les pièges : ni angélisme ni leçons de morale. Elle n’encense pas la prostitution, ne passe sous silence ni sa misère, ni sa violence, ni ses dangers, ni sa tristesse. […] Elle livre son expérience avec une sincérité et une sensibilité extrêmes. »
Frédéric Beigbeder – Le Figaro Magazine
Heureux les heureux – Yasmina Reza (Tanya)
Dans le 95, qui va de la place Clichy à la porte de Vanves, je me suis souvenue de ce qui m’avait enchaînée à Igor Lorrain. Non pas l’amour, ou n’importe lequel des noms qu’on donne au sentiment, mais la sauvagerie. Il s’est penché et il a dit, tu me reconnais ? J’ai dit, oui et non. Il a souri. Je me suis souvenue aussi qu’autrefois je n’arrivais jamais à lui répondre avec netteté.
– Tu t’appelles toujours Hélène Barnèche ?
– Oui.
– Tu es toujours mariée avec Raoul Barnèche ?
– Oui.
J’aurais voulu faire une phrase plus longue, mais je n’étais pas capable de le tutoyer. Il avait des cheveux longs poivre et sel, mis en arrière d’une curieuse façon, et un cou empâté. Dans ses yeux, je retrouvais la graine de folie sombre qui m’avait aspirée. Je me suis passée en revue mentalement. Ma coiffure, ma robe et mon gilet, mes mains. Il s’est penché encore pour dire, tu es heureuse ? J’ai dit, oui, et j’ai pensé, quel culot. Il a hoché la tête et pris un petit air attendri, tu es heureuse, bravo.
Tous les ateliers lecture se font en virtuel via Skype. N’oubliez pas de vous inscrire pour recevoir le lien de connexion.
À bientôt !